Sédrik flirte souvent avec la peur et la violence en toute
innocence.
« Lè pitit an mwen ka mandé mwen tété, mwen kalé ba li manjé
matété. Pitit dodo, papa pala, sé manman tousèl i dan lanbara. »
« Lorsque mon bébé me demande la tétée, je lui donne à
manger du matété. » Le matété, ce plat traditionnel
guadeloupéen, chanté et adoré par tout un peuple. En effet,
nourrir son enfant avec ce mets, le rend fort et solide.
Mais ! Ce mets est-il suffisant pour nourrir le corps et l’esprit
de nos enfants ? Ne devons-nous pas aussi leur donner de
l’amour ?
De l’amour, Sédrik en reçoit beaucoup de sa mère. Il en reçoit
même trop, apparemment ! Ne dit-on pas que « trop d’amour
tue l’amour » ?
Anne élève seule, son enfant, « Pitit dodo, papa pala, sé
manman tousèl i dan lanbara. » « Dors mon enfant, dors, ton
papa n’est pas là, c’est ta maman seule qui est dans
l’embarras. » Elle lui donne tout son amour. Car Jil, le père de
Sédrik est vivant, mais invisible. Il n’habite pas avec eux. Il est
quelque part sur le même territoire ; il ne manifeste aucun
intérêt, ni aucun amour pour cet enfant. Alors la mère cherche
à compenser ; elle lui donne tout son amour. Sédrik est
l’homme de la maison, le fils unique, le mari ; Sédrik a tous les
droits, c’est le Roi.
Dans « Ti doudou a manman », l’amour entre Flore et son fils
Sédrik flirte souvent avec la peur et la violence en toute
innocence.